jeudi 29 janvier 2015

Gabrielle Garcia. Combat pour une identité

Gabrielle Garcia, fille de José Garcia, républicain espagnol exilé en France en 1939, est née à St Malo. Gabrielle n'a de cesse de tenter de restaurer la mémoire familiale et nationale de ses ancêtres. Auteure de « Pour entrer dans Grenade » (Mare Nostrum éditions) et personnage central de « Lettre à Gabrielle » un film d'Alain Gallet-dont son livre a servi de fil rouge-, elle est en prise avec l'itinéraire d'un père meurtri par la douleur d'un rêve brisé, en 1939, comme des milliers de républicains espagnols qui franchissent la frontière franco-espagnole à la suite de la chute de la seconde république espagnole et de la victoire du général Franco.







« C'est une histoire, dévoile le réalisateur, racontée du côté de Gabrielle qui cherche aussi à se retrouver (…). C'est un film qui se situe résolument du côté des fils de et filles de, qui ont leur part de fardeau à porter en héritage, mais un héritage qui a sa part de fierté, de grande fierté. (...) Cela passe par l'intime, mais l'intime n'est pas l'indiscret. C'est même souvent à mes yeux du collectif partagé, enfoui. (…) Car derrière le nom à consonance étrangère inscrit sur la boîte à lettre de notre voisin, il y a bien souvent une histoire singulière, elle est parfois douloureuse. Et nous n'en savons peut-être rien.»

Gabrielle répond aux questions de Persona.

Vous évoquez, au début du film, « le mystère que je sentais émerger en moi... ». Ce mystère est-il levé ?

Complètement levé. Mes recherches ont commencé très jeune et je les poursuis actuellement. Le mystère c'est mon appartenance à l'Espagne républicaine, à l'Espagne du « Genil » de Lorca, berceau de ma famille. Et, dorénavant, je suis près de ces hommes, de ces femmes, qui se sont battus pour la justice sociale pendant la république. Oui je l'ai levé et ça me rend heureuse. Il s'agit d'un bonheur intime.

Comment avez-vous entendu ce que votre père ne vous a pas dit ?

L'espagnol est très expressif. Il n'y a pas tellement les mots. Il y a le regard. Il entamait la conversation « Tu dois savoir... », commençait-il, et parfois s'arrêtait, se retournant. C'était très important ce qu'il ne disait pas. Il commençait ses phrases. Il n'arrivait pas ou ne voulait pas les terminer. Avec ses phrases, il a commencé mes chapitres. C'était à moi de les remplir...

Comment vous sentez-vous d'avoir fait ce travail de mémoire ?

Je me sens heureuse de l'impact que ce travail de mémoire a pu et peut avoir chez d'autres enfants républicains espagnols qui, eux, n'ont pas su ou pas pu interroger leur père et découvrir leur propre histoire. Je les ai aidés à retrouver leur identité. C'est mon héritage. Et c'est maintenant que je le reçois, à travers ses compagnons, journaliers de la vega de Grenade, que j'ai retrouvés par mes recherches et rencontres.

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dimanche 4 janvier 2015

Bénédicte Le Bloas-Baldet. Clowne d'entreprise

 
Comédienne, elle propose un spectacle de clowne à destination des comités d'entreprises. Elle anime aussi des ateliers pour enfants sur le temps scolaire et extra-scolaire. Formatrice, elle enseigne, en Master 2 de marketing de l'IAE (Institut d'Administration des Entreprises) de Brest, aux futurs DRH (directeurs des ressources humaines). Elle leur apprend comment mettre de l'humain dans l'exercice de leur fonction, pourquoi cela n'enlève rien à leur compétence et ne les met pas en danger. Au contraire ! 

 



 Bénédicte se confie à Persona.




De quoi aurait peur le DRH ?

Le DRH est en position de tampon. Il doit faire respecter les grandes lignes de l'entreprise et en même temps faire en sorte que l'équipe fonctionne. Cela lui met une certaine pression. Suivant la tendance la plus répandue, il doit être fort, ne pas se montrer stressé, ne pas montrer qu'il doute. L'émotionnel n'est pas de mise. On est dans le paradoxe, car il est censé s'occuper de relations humaines ! Le clown, c'est l'inverse. Il est dans l'empathie. Il se prend les pieds dans le tapis. Mais il a un atout : il fait de sa fragilité une force. Car c'est une grande force de reconnaître ses limites !




Comment le clown enseigne-t-il au DRH ?

Le clown fait des excentricités. Il apprend au DRH comment se décentrer de sa posture institutionnelle pour se mettre en empathie. Utiliser le masque du clown est un outil de distanciation. Cela ouvre la possibilité d'exprimer des choses qui ne seraient pas dites sans le masque. Se montrer tel qu'il est n'enlève rien aux compétences du DRH, mais facilite l'échange, la rencontre. Comment peut-il s'occuper de relations humaines s'il n'est pas en mesure de se mettre en question, avec bienveillance, indulgence ? L'accueil de l'autre n'est pas trop le credo de certaines entreprises, mais c'est pourtant la voie à suivre pour réduire les risques psycho-sociaux. Cela passe par s'autoriser à être un humain faillible et fragile.




Est-ce applicable dans le concret de la vie d'entreprise ?

On réinvestit ce que l'on a appris en atelier. Au retour, on ne se verra jamais pareil. On se voit sous une facette différente. Ce qui a été vécu très fort est enregistré. « Je suis capable de... et je n'en suis pas mort. Ce que j'ai vécu je peux le remobiliser ! »




Quelle est la pertinence de ce travail ?

C'est aller à la rencontre de soi en découvrant son clown intérieur, avec douceur et indulgence, en rupture avec notre quotidien, nos histoires respectives, notre vécu des relations parents/enfants, ce dont on nous a chargés ! La société nous oblige à être parfaits, alors que c'est une force de reconnaître ses limites.

Le poste de RH sous-tend le mot « responsable ». Il y a énormément de pression dans ce mot, et donc dans la posture elle-même : « C'est moi le DRH ! ». Mais on peut voir autrement les techniques de management. L'IAE de Brest a cette grande ouverture d'esprit nécessaire pour envisager de réduire les risques psycho-sociaux.


Dernière minute :

Bénédicte organise prochainement, en Presqu'île de Crozon, un stage de clown. Deux phases : les 17 et 18 janvier, puis les 21 et 22 mars 2015.



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06 03 54 52 51