mardi 20 septembre 2016

Dominique Franchet. L'humain au cœur du métier








C'est à Sillé Le Guillaume, où il enseignait l'anglais dans les années 80, que Dominique Franchet, a connu le déclic pour devenir conseiller principal d'éducation, au contact de Jean-Pierre Laurat, un CPE d'une qualité humaine hors pair.

« Vu les questions que tu poses au système, il ne faut pas que tu restes à la salle des profs ! », lui glissait celui qu'il désigne comme son mentor. Le temps a vite passé. Depuis 1er septembre 2016, l'ex CPE du collège La Tourelle, à Quimper, est en retraite. Un vrai déchirement pour celui qui a placé l'humain au cœur de son métier.

Dominique Franchet se remémore, deux mois plus tôt, ce vendredi 1er juillet.

Par une méga haie d'honneur surprise, 200 anciens élèves du collège, mobilisés sur les réseaux sociaux, manifestent leur sympathie à Dom, leur conseiller principal d'éducation au grand cœur.
Etait là, applaudissant, aligné avec d'autres, Elouen qui a quitté le collège en 2010 et s'apprête à commencer à Londres une école de musique : « C'est la personne au collège qui m'a le plus marqué. Il était là pour que tout aille bien. Toujours cool avec tout le monde ! ». Etait là aussi Lisa, partie en 2007, étudiante en licence de gestion des Relations Humaines : « Il était proche de nous et se décarcassait pour que tout se passe bien. ». Et combien d'autres ravis de faire craquer Dom, sidéré, stupéfait, marchant entre élèves, parents et amis, comme un somnanbule, les mains sur le visage pour contenir son émotion. Puis n'y tenant plus, hébété, Dom craque sur une épaule secourable. Avant d'être réconforté, à tour de rôle, par les uns et les autres....

Visiblement très touché par tant de sympathie, Dom ne s'y attendait pas ! Le secret avait été bien gardé...






Son credo ? « Mettre au point des pratiques en profitant des espaces de liberté que permettent les textes. L'autonomie des établissements rend possible la prise d'initiative ! » insiste-t-il. Et aussi : « J'ai beaucoup appris des élèves. Le plus souvent, les conduites rebelles sont l'expression d'une peur ou d'un mal être plus qu'un manque de respect pour les personnes ou l'institution...»

A ceux qu'il appelle ses « canards boiteux » ou les « 4 ou 5 cauchemars de salle des profs », Dominique Franchet tient un langage de vérité et les invite à se projeter : « Ce que tu seras quand tu auras 30 ans, c'est maintenant que tu le choisis ! ».
Et de poursuivre : « Les jeunes ont besoin de trouver du sens. Mais pour communiquer avec eux, il faut poser une parole crédible. Si on propose à un ado un modèle parfait, il ne peut pas y adhérer !  Je suis un vieux crabe qui apprend aux petits crabes à avancer. Et parfois moi aussi -oups- je suis tombé...»

Le plus touchant de l'aventure, ce sont les messages de remerciement que Dom reçoit d'élèves qu'il a aidés. « Je n'aime pas punir. C'est nécessaire quand la ligne jaune a été franchie. Mais si on n'aime pas les gosses, dit-il, on ne peut pas les amener très loin ! A l'inverse si on est ouvert, on les invite à s'ouvrir. Un homme ne vaut que ce qu'il donne ! »